dimanche 11 septembre 2016

Le prix du livre

Coucou :)
Aujourd'hui, on va parler du prix du livre, et de comment il est choisit par les éditeurs-trices.
J'entends beaucoup dire "OMG, ça coûte trop cher un livre, j'en achète pas !!!", et c'est quelque chose que je pensais encore récemment. Mais cette année, j'ai découvert une bonne partie des acteurs-trices de la chaîne du livre, et je peux vous dire que c'est pas cher payé pour tout ce travail !
Alors, en route pour les découvrir !
La chaîne du livre est partagée en trois regroupements de personnes : les éditeurs-trices, la diffusion/distribution et les libraires. Les premiers-ères prennent 45% du prix du livre, les second-e-s 20% et les derniers-ères environ 30%, et la TVA est de 5.5%. Ces pourcentages sont une approximation, ils changent selon les contrats qui lient ces trois groupes.

L'édition :

  • Sur les 45% que récupère l'édition, environ 10% est déversé à l'auteur-e. Certains auteur-e-s sont payé-e-s bien plus (*tousse* Levy, Musso *tousse*), certain-e-s bien moins (les auteur-e-s des petites maisons d'édition, qui n'ont pas les moyens de bien les payer, ou celleux qui se font malheureusement plumé-e-s par leurs éditeurs-trices), cela dépend du contrat avec l'éditeur-trice. Ille est soit payé-e sous forme d'à-valoir, c'est à dire qu'une somme donnée lui est versée quand le livre sort, soit directement selon les ventes. Si l'à-valoir versé est trop petit par rapport au nombre de livres vendus, on passera à la deuxième solution, s'il est plus grand, l'auteur-e garde le trop plein versé.
  • Un cinquième du coût total du livre est utilisé pour les frais de production ou de promotion (coût des photos/impressions/maquette...). Si ce coût est plus grand, le livre n'est pas viable.
  • Le reste est utilisé pour les frais de fonctionnement de l'éditeur-trice (locaux, électricité, payes des employés...). S'il reste de l'argent après tout cela, cet argent sera le bénéfice des ventes du livre.


La diffusion/distribution :
Comme dit ici, tout passe par elle, et c'est elle qui s'occupe des contrats avec lae libraire. Cette somme sert à payer les lieux de stockage des livres, les manutentionnaires, les représentants...

Les libraires : 
Le pourcentage que gagne le libraire lui permet de payer le lieu physique de la librairie, l'électricité, les caisses, les objets utilisés (étagères, tables, etc.), les auteurs qui viennent en signatures, la paye du/des libraires...

Mine de rien, la quasi totalité du prix du livre est utilisée pour régler les dépenses effectuées dans le but de créer et vous faire parvenir ce livre !

Exemple : comment fait un-e éditeur-trice pour choisir le prix d'un livre ?
C'est l'éditeur-trice qui choisit le prix du livre, et celui-ci sera le même dans tout les points de vente (loi Lang). Il faut donc qu'il soit assez élevé pour couvrir ses frais, mais aussi assez attractif pour les acheteurs : ces derniers sont habitués à acheter pour un certain prix selon la qualité imaginée du livre, dictée par sa taille, la qualité de son papier, de sa couverture... Il faut donc que la maison d'édition reste dans les clous si elle veut que l'acheteur-se ne se sente pas floué-e (que ce soit parce que le prix parait trop petit par rapport à la qualité imaginée du livre, ou parce qu'il parait trop grand).

Imaginons qu'une maison d'édition décide de faire un livre d'art de 256 pages, en 2 000 exemplaires. Elle pense le vendre à 25€TTC. (Tout les chiffres sont imaginés et pas forcément réalistes).

  • Quels sont les frais de fabrication ?

Il y a 150photos, et les prendre lui coûtent en tout 10 000€.
Le scan de ces photo est à 15€ par scan, soit 15*150=2 250€.
La maquette est à 10€ par page, soit 10*256=2 560€.
L'impression coûte 6.10€ par exemplaire, soit 12 200€.
Donc le coût de fabrication est de 10 000+2 250+2 560+12 200= 27 010€ de frais de fabrication, soit 27 010/2 000=13.50€ par exemplaire. Or 13.50€ est supérieur au 1/5 du prix du livre que doivent coûter les frais de production. Ce projet n'est pas viable.


  • Nous allons commencer par voir ce que gagne chaque partie si ce livre coûte 25€TTC, pour voir quel coût l'éditeur-trice peut réduire.

25€TTC fait 23€69HT. Sur ces 23€69, la maison d'édition prend 50% environ, soit 11,84€ par exemplaire de livre vendu. L'auteur a un contrat avec sa maison d'édition qui lui donne 11% du prix HT du livre en droit d'auteur, soit 2€60 par exemplaire. Il reste donc à l'éditeur-trice 9€24 par exemplaire, soit 9.24*2000=18 480€.
Le coût de fabrication était de 27 010€, ille perd 8 530€.

  • Que peut-il faire concrètement ?

Comme c'est un beau livre, on ne peut pas le faire de moins bonne qualité. On peut essayer de le faire imprimer à l'étranger, mais les temps de réception des livres seront plus grands, et rendent beaucoup moins réactif.
On peut augmenter le prix du livre, vu que c'est un livre d'art. Si on le vend à 29.90€TTC, on peut gagner environ 1000€.
On peut choisir des images à moindre coût (voir mon article sur le coût des images).
On peut faire des partenariats avec des musées ou des institutions locales en lien avec notre livre. Cela permet d'assurer des ventes fermes, donc garanties, avec un taux de remise de 45% maximum. On peut donc être surs d'avoir vendu un nombre x d'exemplaires du livre, et de récupérer plus de 50% du prix du livre.
Ce ne sont que des exemples, il peut aussi par exemple baisser le nombre d'exemplaires publiés, la seule limite est l'imagination, tant que cela ne floue pas lae potentiel-le acheteur-se !

Voilà ! En gros, le coût d'un livre est décidé par rapport au marché et par rapport au coût de fabrication. L'éditeur-trice a cependant plusieurs leviers qu'il peut bouger pour baisser ces coûts de fabrication, afin que le livre soit viable.
J'espère que tout ces chiffres ne vous ont pas barbé-e-s, j'ai essayé de faire cela le plus clair possible, en retirant les détails qui, à mes yeux, étaient secondaires, comme le fait que l'éditeur-trice prélevait 200 exemplaires pour les donner à la presse, donc ne gagnait pas d'argent sur leur vente...
J'espère aussi vous avoir convaincu que non, un livre n'est pas cher pour toutes les personnes qui travaillent dessus, de la création à la vente.
Bonne journée !

Source : uniquement mon cours
J'essaye d'utiliser une écriture non-sexiste, vous pouvez vous renseigner ici.

lundi 5 septembre 2016

Le traitement de l'image

Coucou !
Avec le dernier article, nous avons parlé du travail de base de l'éditeur autour du texte. Aujourd'hui, nous allons voir celui au niveau de l'image ^^
Un certain nombre de livres possèdent des illustrations, dessins ou photographies : livres pratiques, d'art, pour enfant... En fait, seuls les romans pour adultes échappent à peu prés au règne de l'image (et encore, il y a par exemple souvent des cartes dans les livres de fantasy). La plupart des éditeurs doivent donc traiter à un moment ou un autre avec les images. Il y a deux types de livres : ceux dont l'illustration fait le livre, comme les livres de photographie, et ceux dont l'illustration n'est là qu'en bonus, comme les romans de fantasy évoqués plus haut.
Je ne parlerai pas des couvertures, cela n'étant pas un sujet que j'ai déjà abordé en cours.

Le prix des images :
Il y a des images pour toutes les bourses ; les plus chères sont les photos de paparazzis.
Comment avoir des images peu chères ?
On peut les faire faire par la maison d'édition, ou par l'auteur du livre. C'est souvent de moins bonne qualité que celles faites par des professionnels, mais bien moins coûteux.
On peut prendre des images libres de droit. Attention, libre de droit ne signifie pas forcément gratuit ! Cela signifie que quand on les a, on peut les retoucher à volonté, et nous ne sommes pas obligés de signaler l'auteur.

Parfois, il faut savoir mettre un peu plus d'argent dans une image si on ne veut pas avoir la même que le voisin...
Attention aux droit d'image ! L'auteur doit être d'accord avec l'utilisation que vous faites de son image, mais aussi les personnes figurants sur cette image.

L'impression des images :
Il y a quatre couleurs primaires qui peuvent être travaillées lors de l'impression, le cyan, le magenta, le jaune et le noir.



Il existe des images en couleur et des en noir et blanc. Ces dernières peuvent être traitées de trois façons différentes :

  • Par la similigravure : cette technique sert à reproduire des illustration à l'aide d'une seule encre, sous forme d'agrégation de petits points ; elle est dérivée du pointillisme. Si vous prenez un livre illustré, en regardant attentivement avec une loupe, vous verrez ces points. Ici, on utilise qu'une seule encre, de couleur noire. Plus le noir de l'image sera foncé, plus il y aura de points, et l'inverse plus il est clair. Le problème posé par cette technique est que, quand la photo est très lumineuse, donc claire et avec peu de contraste, il est difficile de faire les détails, car il y a peu d'encre sur la photo. De plus, moins il y a d'encre sur l'image, moins elle sera ressentie comme forte.
  • La simili deux tons, ou noir bichro : en plus du noir, une seconde couleur de la gamme pantone est utilisée pour donner plus de matière à l'image. Cela coûte deux fois plus cher que la similigravure normale. L'image est toujours en noir et blanc, mais on peut voir la seconde couleur utilisée dans les reflets, ou en regardant les points à la loupe.

  • Le noir quadri : on utilise les quatre couleurs primaires, cyan, magenta, jaune et noir. Le noir de l'image est plus profond, car il y a plus de reflets, plus de variantes. On l'utilise préférablement dans les livres où il y a des images en couleurs, car il coûte quatre fois plus cher que la simple similigravure, et qu'on utilise préférablement les mêmes imprimantes pour l'impression de tout le livre. Les imprimantes étant déjà paramétrées avec quatre couleurs, ce serait ridicule de ne pas en profiter au maximum.
Pour les images en couleur et celles imprimées avec le noir bichro ou quadri, on fait des tirages papiers, appelés cromalins, pour vérifier l'état exact des couleurs. On ne peut jamais se fier à un écran pour vérifier cela.

En bref, selon sa bourse et ses besoins, un éditeur a plusieurs moyen de trouver les images qu'il utilise et de les imprimer.
Je voulais aussi vous parler de photographie en général, mais en fait j'y comprends rien, et comme ça m'intéresse assez peu, j'abandonne.

Vuala, vous pouvez me laisser des commentaires si cela vous a intéresser, si vous avez des questions ou des remarques ^^ le prochain article sera sur le coût d'un livre.
Bonne journée à tous :)