mercredi 24 mai 2017

Ça ira mieux

Une des premières choses que je me souviens qu'on m'ait dites, c'est cette phrase. "Ça ira mieux." Je devais avoir 4 ou 5ans, j'étais malade, j'avais mal, et ma maman me rassurait en me disant ça. Ça passera.
On m'a ressorti rapidement cette phrase. En primaire d'abord. Puis au collège. Je ne me sentais pas à ma place avec les autres enfants, j'étais à la fois trop et pas assez mature pour eux.
On me l'a redite aussi quand j'ai commencé à faire des crises de terreur. Je voyais des choses dans le noir, je ne pouvais dormir sans quelqu'un de réveillé à côté de moi. "Ça ira mieux." C'est les enfants qui ont peur du noir, voyons.
Elles n'ont jamais passé.
"Ça ira mieux !" me disait-on en seconde, quand j'étais seule, humiliée par le reste de ma classe parce que j'étais si sérieuse en cours, que je n'aimais ni boire, ni fumer, ni faire la fête. "Ça ira mieux", me répéta-t-on jusqu'à la fin du lycée, où je me sentais si mal, emprisonnée parmi mes condisciples, sans comprendre ce qu'on attendait de moi. Ça ira mieux quand tu auras passé le bac, quand tu rencontreras des gens qui ont les mêmes centres d'intérêts que toi ! Ça ira mieux, tu trouveras des ami-e-s, tu ne seras plus seule !
J'ai intériorisé cette phrase. Ça ira mieux, me répète-je chaque jour. Une fois que tu auras fini tes études, une fois que ceci, une fois que cela...
Ça ne va jamais mieux. A chaque fois que j'échappe à une situation où je me sens mal, je retombe dans une autre sans plus d'épanouissement. A chaque nouvelle étape, on me dit "regarde, ce sont les meilleures années de ta vie !". Et à chaque fois que je me retourne sur ces "meilleures" années, je ne vois que le vide. Des années gâchées à attendre, sans jamais savoir comment les utiliser à bon escient.
Et aujourd'hui, quand je regarde le futur, je ne vois rien, juste un brouillard qui se rapproche de jour en jour. Je vais finir mon année. Essayer d'avoir mon diplôme. Oui, mais après ?
Qu'est ce qu'on fait quand on ne sait rien faire ? Quand on ne sait pas sociabiliser ? Quand le simple mot "études" nous donne de l'urticaire, mais qu'on est incapable de travailler ?
Il n'y a plus qu'à s'accrocher à une phrase.
"Ça ira mieux."
Et puis disparaître au fond de ma tête avec mes personnages.
Parce que ça ira mieux, hein ?

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